Conséquences : des déséquilibres

  • Au fil du temps

L’utilisation des rivières méditerranéennes par l’Homme a lieu depuis longtemps. Mais le XIXème et le XXème siècle ont vu apparaître des usages industriels qui menacent gravement les rivières : prélèvements d’eau excessifs, extraction de matériaux (gravières)… et de nouvelles pollutions (industrielles, agricoles), En région méditerranéenne, l’inégale répartition des pluies, durant l’année, rend ces cours d’eau particulièrement sensibles aux perturbations.

  • Diminution de la ressource

18 millions de m3 d’eau par an sont prélevés pour l’alimentation en eau potable. 21 millions de m3 par an sont prélevés pour l’irrigation, soit 107 000 m3 par jour. La demande, qu’elle soit destinée à l’irrigation ou à l’adduction en eau potable est multipliée par 2,5 en période estivale, à cause entre autres de l’afflux des touristes. Or le fleuve se trouve l’été, à son niveau d’étiage (basses eaux), son débit ne représente plus que 3 m3/s au barrage de la Meuse à Gignac. L'aggravation des conditions d'étiage de ce fleuve méditerranéen fragilise l'écosystème du fleuve Hérault en période estivale. Faire attention à sa consommation d’eau est devenue nécessaire.

  •  Qualité de l’eau

es pollutions industrielles sont limitées dans notre région. Il subsiste des pollutions organiques par les eaux domestiques, et celles plus saisonnières, issues des eaux de lavage des caves coopératives. Le milieu naturel est normalement apte à digérer les pollutions organiques. Le taux d’autoépuration naturelle est fonction des caractéristiques du cours d’eau : débit, pente, largeur, température…et du rapport entre le débit d’eaux usées reçues et le débit du cours d’eau.

D’autres types de pollutions nuisent à la qualité de l’eau : pollution chimique (engrais, lessives, produits phytosanitaires), pollution thermique (rejet d’eau chaude dans les rivières par les usines et les centrales électriques), pollution bactérienne, microbiologique, etc. La pollution esthétique est souvent la plus visible (sacs plastiques, vieux pneus…) mais c’est aussi probablement la moins grave. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille l’encourager !

Ces pollutions nuisent malgré tout à la qualité piscicole du cours d’eau et influent sur la répartition des espèces de poissons. On note une prédominance progressive des cyprinidés (barbeaux, carpes, carassins, tanches, brèmes, chevaines…) dans les zones théoriquement à prédominance salmonicoles.

  •  Atteinte aux écosystèmes 

L’extension de l’urbanisation et des terrains agricoles entraîne directement la disparition des ripisylves. Les barrages sont accusés de perturber l’écosystème aquatique. La mondialisation s’est invitée dans le lit du fleuve, puisqu’un certain nombre d’espèces envahissantes, introduites de manière intentionnelle ou non, menacent les espèces autochtones du fleuve. La Jussie par exemple, plante introduite à des fins ornementales (jolies fleurs jaunes) est très présente sur les berges du fleuve et de ses affluents, et peut conduire à des phénomènes d’eutrophisation (asphyxie du milieu) grâce à sa croissance rapide qui lui permet de recouvrir très rapidement un plan d’eau. La tortue de Floride (exemple mieux connu des enfants), abonnée normalement aux animaleries et aquariums d’ornement, s’est fait sa place au soleil héraultais, et menace à présent par sa voracité et son cycle de développement rapide, notre tortue endémique : la cistude d’Europe.

  • Les berges et le lit menacés

L’extraction de granulats dans le lit mineur du fleuve a provoqué un déséquilibre morphodynamique :

-la modification du cheminement du fleuve ;

-l’abaissement du niveau du lit du fleuve entraine la déstabilisation des berges, l’abaissement des nappes phréatiques et l’affouillement des ouvrages d’art ;

-le bouleversement dans la répartition des graviers du lit du fleuve provoque une homogénéisation et une réduction des habitats. Il en résulte une baisse des populations d’invertébrés aquatiques qui sont l’une des principales ressources alimentaires des poissons.

- l’abandon des berges –laissées sans entretien– entraîne la formation d’embâcles (amas de bois mort, de graviers et de terre charriés par les crues) qui font obstacle à la libre croissance d’une ripisylve équilibrée, garante d’une certaine stabilité des berges.

  • Inondations

Bien que causés par les particularités du climat et de la géographie méditerranéenne, les phénomènes d’inondation se sont amplifiés suite à l’intervention de l’homme sur les milieux. En effet, l’urbanisation a entraîné la diminution, voire la suppression des zones naturelles d'expansion des crues ainsi qu’une imperméabilisation des sols. Les hommes ont voulu maîtriser le fleuve et ses affluents en le canalisant ou en construisant des digues, or ces aménagements potentiellement efficaces localement ont des effets négatifs à l’aval : accélération des écoulements, érosion des berges et aggravation des débordements. Enfin, la modernisation des pratiques agricoles et le remembrement des parcelles qui en a découlé a entraîné la disparition des haies, fossés et bosquets qui faisaient office de véritables éponges.

Les fortes inondations ont également plus d'impact aujourd’hui car l'occupation du sol par des habitations, des activités économiques (et les enjeux associés) s’est développée dans des zones à risques.